Un client me contacte pour assurer l’accompagnement d’un projet ou pour la réalisation d’un site web. Les idées sont assez claires, les besoins bien esquissés. Le calendrier est serré, pas d’urgence particulière mais « Vous comprenez, notre site actuel n’est plus du tout vendeur. Pensez-vous que vous pourrez développer ou faire développer le site en deux mois ? »
Ma réponse ne varie jamais : deux choses et deux choses seulement viendront décaler la date de sortie que vous planifiez aujourd’hui :
La validation du design ;
La fourniture des contenus.
Deux choses qui sont de votre ressort, cher client. Je vous retourne donc la question : pensez-vous que toutes les personnes impliquées sur ces deux tâches auront la disponibilité nécessaire durant ces deux mois ?
À chaque fois, la réponse est oui. À chaque fois (ou presque) la réalité est toute autre. Ce constat se vérifie sur des dizaines de projets depuis 15 ans et je ne vois pas d’amélioration.
Mais quel est le problème avec les contenus ?
Les contenus aussi bien textuels que visuels ne sont jamais disponibles au moment initialement prévu. Et ce pour plusieurs raisons.
Les entreprises ont en réalité peu de choses à dire…
Beaucoup de sites Web d’entreprises ne sont encore que des vitrines figées de leur activité. Mis en ligne parce qu’il est inconcevable de ne pas disposer d’un site Web aujourd’hui mais sans réel besoin de contenus inédits ou de fonctionnalités avancées. Même si les agences vous prétendent le contraire, toutes les activités ne se prêtent pas à la production de contenus riches et enthousiasmants. Loin de là.
…Mais l’ignorent ou ne l’assument pas.
Dans la majorité des activités, il suffit aujourd’hui d’un site Web très léger fournissant les informations de base et quelques leviers de réassurance. Mais les entreprises imaginent avoir beaucoup plus à dire. Sans se poser la question de la cible et de l’usage qui sera fait de ces contenus : qui a réellement l’envie ou le besoin de lire sérieusement ce qu’elles comptent leur expliquer ? Quel effort sera nécessaire pour quel bénéfice réel auprès des rares lecteurs ?
Nous baignons quotidiennement dans un océan de contenus. Les études de cas de stratégies de contenus miraculeuses (mais absolument pas reproductibles) inondent les réseaux sociaux et médias spécialisés. Les clients rechignent à se « restreindre » à un site web sobre en contenus.
La responsabilité des contenus est diluée
L’équipe en charge du projet web doit faire appel au reste de l’entreprise pour collecter et adapter les contenus attendus. Cela implique une participation globale des équipes, même et surtout celles qui ne sont concernées que de loin par le projet et qui ont bien d’autres priorités. Un travail colossal d’organisation qui se frotte directement à l’inertie et au cloisonnement interne.
Image rare d’équipe en charge de la collecte des contenus (Tuna Fishing at Sunrise off the Coast near Marseilles, Félix Ziem, 1860s, nga.gov)
Les compétences nécessaires sont sous-estimées
Les compétences techniques nécessaires à la rédaction sont clairement sous-estimées. Confusion est faite entre savoir écrire (ce qui semble à la portée de n’importe qui) et savoir rédiger des contenus pour le Web (qui est une expertise qui se travaille !). Le résultat créé par les équipes internes non spécialistes de cette démarche s’avère donc souvent décevant. Nous voilà repartis pour un tour.
Parfois le client fait appel à une prestation externe ! Mais au lieu de se faire accompagner, il tente de lui déléguer toute la tâche de création de contenus. Sans ligne directrice et sans compréhension réelle de l’entreprise, le résultat risque de ne pas être plus pertinent.
Rédactrice web en plein travail (A Lady Writing par Johannes Vermeer, 1665, nga.gov)
Pour les contenus visuels c’est encore pire : les sources internes sont inexistantes, payer pour des illustrations ou des photographies n’est pas dans les mœurs. Dans les meilleurs des cas, on pioche dans les banques d’image sans discernement. Dans le pire, on vole des images à gauche à droite sur le web…
Le design et les fonctionnalités occupent le devant de la scène
Le client n’imagine pas un instant que le contenu soit une réelle difficulté. Il se focalise donc sur le design et le suivi du développement, qui lui semblent plus concrets et plus importants à contrôler. Une inconsciente fuite en avant : tant qu’il consacre du temps au design et aux fonctionnalités, il ne se préoccupe pas des actions dans sa propre cour, les contenus !
Les contenus sont peu visibles
On voit bien la profonde schizophrénie qui anime les contenus. Les entreprises ont appris, à force de répétition, que les contenus sont vitaux. Pour le référencement, pour se démarquer, pour convaincre. Mais en réalité les contenus restent très peu visibles. Les débats internes porteront sur le design et sur les fonctionnalités, jamais ou presque sur un contenu. Les équipes internes regarderont la page d’accueil mais n’iront pas ou rarement fureter et lire en détail chaque contenu présenté. Les utilisateurs se plaindront d’un bug mais pas d’une phrase mal tournée. Dès lors, on pare au plus stratégique (en apparence) et on met de côté les contenus.
Le contenu ne s’arrête jamais
Ceux qui décident de s’atteler aux contenus s’attaquent à un sujet périlleux. Produire des contenus pour le jour du lancement est une chose mais produire de nouveaux contenus et mettre à jour ceux existants est un travail continu. Travail qui, pour les raisons évoquées plus haut, sera complexe (collecte de sujets et contenus en interne) et peu valorisé. Même les bonnes volontés à ce sujet s’émoussent très vite.
Comment pallier l’inexistence de contenus ?
Maintenant que j’ai cassé l’ambiance, tentons de trouver des pistes de solution à cet épineux problème. Quelques conseils de bon sens :
1. Identifiez votre audience et écrivez pour être lu
Avant même de parler de contenus, définissez les cibles et les messages clés que vous voulez leur faire passer. Qui vient sur votre site, que cherchent-ils et que sont-ils réellement soucieux de comprendre ?
Écrivez pour être lu, pas pour vous auto-satisfaire !
Exemples de constat réalisé lors d’un projet :
Les prospects d’une société de BTP veulent comprendre l’activité en quelques mots, la zone d’intervention et la taille des projets menés. Les références clients et les certifications sont à valoriser. 2 pages s’avèrent nécessaire en plus de la page d’accueil : les dernières références clients avec chiffres clés sur l’ampleur de chaque projet / le détail des certifications obtenues.
2. Dimensionner l’ambition éditoriale de votre site web
Comme dit plus haut, toutes les activités ne se prêtent pas à une surabondance de contenus. Mieux vaut quelques textes bien pensés que des dizaines de pages creuses qui ne seront jamais lues. Dites-vous bien que plus votre site a de pages moins chacune d’entre elles sera lue.
Exemples de constat réalisé lors du même projet :
Les prospects de cette même société de BTP connaissant parfaitement le domaine d’activité en question et procèdent quotidiennement à l’achat de prestations de ce type. Les seuls critères regardés sont le sérieux de l’entreprise et le budget proposé. Il n’y a donc pas besoin de créer des contenus spécifiques pour cette audience. Ils ne seraient jamais lus !
3. Commencez modeste
Commencez petit avec les contenus socles sur votre activité, gardez en tête d’ajouter par la suite seulement des contenus plus riches, inédits et réguliers. Quelques pages suffisent amplement au démarrage. Personne ne viendra vous le reprochez !
Exemples de constat réalisé lors d’un autre projet :
Une société de cybersécurité envoie à ces clients une veille hebdomadaire par e-mail. Ce contenu peut-être repris de manière plus synthétique sur le site web pour provoquer un rendez-vous régulier avec les utilisateurs et alerter les prospects sur les dangers du moment.
4. Argumentez
Dans la course aux contenus, les sociétés sont devenues des championnes du blabla. Toutes revendiquent l’innovation ou le respect du développement durable. Plus on en dit, plus on en fait non ? En réalité, les internautes sont devenus allergiques à la langue de bois et distinguent vite les promesses creuses des réelles preuves.
Pour chaque message clé, construisez un argumentaire d’une seule page pour le mettre en valeur. Usez de preuves : chiffres clés, cas clients, revue de presse, labels et prix, etc.
5. Répartissez les rôles
Nommer une personne et une seule responsable des contenus. Elle doit être différente de la personne chargée de piloter le design et les fonctionnalités.
Faites-vous accompagner par un indépendant ou une petite agence, en charge d’assister la personne chargée des contenus mais pas de la remplacer.
Partagez les tâches :
Pour la personne chargée de contenu : identification des messages, collecte des sources internes, organisation d’entretiens avec les équipes internes, brouillon des contenus et validation finale.
Pour le prestataire : compte-rendu des entretiens, relecture et affinage des contenus, suivi des tâches.
6. Limitez les étapes de validation
Comme la rédaction pour le web est un métier, sa validation demande aussi un savoir-faire.
Organisez une validation simplifiée des contenus : le responsable nommé plus haut doit être seul chargé de valider le format et le ton des contenus. Les autres partie-prenantes internes ne sont là que pour décelez les erreurs factuelles ou les oublis.
Séance collective de relecture des contenus (The Battle of Saint James at Clavijo, Martin Schongauer, 1470/1475, nga.gov)
7. Investissez dans les contenus visuels
Les visuels ont pris une place prépondérante dans l’expérience offerte par les sites web. Malheureusement on distingue vite les entreprises qui mettent les moyens et celles qui réutilisent jusqu’à l’overdose les mêmes visuels factices issus de banques d’images.
Si vous voulez tirer votre épingle du jeu sur le sujet, proposez des images inédites et personnalisées qui attireront l’œil et donneront confiance.
Faites donc réaliser un ou plusieurs reportages photos par un professionnel. Vos équipes, vos locaux, vos produits et vos procédés de fabrication sont plus photogéniques que vous ne le pensez.
8. Osez !
Pour gagner la course à l’attention, travaillez des formats peu classiques et des tonalités originales. Osez l’humour et le clin d’œil. Utilisez des formats interactifs mais seulement si ils apportent une valeur ajoutée dans la découverte et la compréhension de votre discours.
9. Animez au long cours
Planifier une instance régulière (trimestrielle par exemple) pour mesurer le succès des contenus créés, décider des mises à jour nécessaires, identifier les nouveaux sujets. Les statistiques de votre site web, les autres canaux de contact avec votre public (hotline, salons, etc.) peuvent vous alerter sur les nouvelles thématiques attendues.
Vous avez d’autres conseils ou retours d’expérience en la matière ?
Pas encore de commentaire pour Pourquoi les contenus n’arrivent-ils jamais à l’heure ?! : faut s'y mettre !
En 2013, un de mes clients s’est placé en redressement judiciaire et ça ne s’est pas bien déroulé pour moi. Je n’en avais jamais parlé ici mais si ce billet peut servir à d’autres, je partage donc mon retour d’expérience en la matière.
En 2013 donc, j’ai signé une prestation d’accompagnement pour un nouveau client pour un montant total d’environ 30.000 €. Alors que je lui envoyais ma deuxième facture (sur trois), mon client m’a annoncé être dans l’incapacité de me régler. Il vivait en effet le lancement d’une procédure de redressement judiciaire et était donc placé en cessation de paiement.
Aucun signe avant-coureur ne m’avait préparé à cette annonce. Le client était (et est toujours j’y reviendrai) une société bien installée, avec plusieurs dizaines d’employés et une forte notoriété dans son secteur d’activité. Jamais le gérant ne m’avait laissé entendre que l’entreprise traversait des difficultés. J’ai appris par la suite qu’un investissement trop important suivi de quelques désistements de clients fidèles avaient suffi à plonger les comptes dans le rouge.
Conseil n°1 : toujours envisager le pire et contractualiser la prestation en conséquence.
Dans le monde du commerce, il ne faut jamais s’appuyer sur une réputation ou sur une simple confiance réciproque. Sans tomber dans la paranoïa, il faut se prémunir contre les accidents (ils arrivent) et encadrer la prestation : devis, contrats, assurances, échéancier de paiement.
À l’époque je ne facturais jamais d’acompte. Jeune et naïf, j’imaginais mal pouvoir être payé pour un travail non entamé et encore moins exiger cela d’un client. Heureusement pour moi (si je puis dire), ce même client m’avait proposé un acompte et un paiement échelonné en l’échange d’un geste commercial de ma part. Quand mon client s’est avéré dans l’incapacité de me payer, au moment de l’envoi de ma deuxième facture, j’avais donc travaillé deux-tiers du temps estimé et reçu le paiement de l’acompte soit un tiers du devis global (10.000 € environ).
Conseil n°2 : toujours facturer et un acompte et mettre en place un échéancier de paiement.
Maintenant je le sais : l’acompte est vital. Il sert de garantie sur le sérieux du client et il ne fait que couvrir les frais et le temps que vous devez vous-même avancer pour démarrer la prestation. Vu les délais de paiement légaux en France, il vous parviendra de toute façon quand une bonne part du travail aura déjà été effectuée et livrée.
Mon client dans cette affaire a eu l’honnêteté de me prévenir lui-même au lancement de la procédure. Mais, une fois cette information en poche, après quelques auto-apitoiements sur mon mauvais sort, je n’ai rien fait.
J’avais bien compris qu’un mandataire était, dans ces cas-là, nommé pour prendre temporairement la tête de l’entreprise et tenter de la sauver en assainissant ses comptes. Ce que je ne savais pas en revanche, faute de m’en être informé, c’est que le mandataire procède alors à une vérification des créances. Basé sur la liste fournie par le gérant, il exige de chaque fournisseur une validation des factures à régler. Un courrier (simple comme le prévoit la loi) est envoyé à l’adresse postale connue du fournisseur (celle sur les factures donc) et contient une… URL à laquelle se connecter pour valider les libellés et montant des factures.
Je n’ai malheureusement jamais reçu ce courrier (dont j’ignorais d’ailleurs l’existence). J’ai, il est vrai, déménagé à la même période, même si j’avais bien entendu fait appel au service de transfert de courrier de La Poste. La loi prévoit qu’en tant que fournisseur vous avez deux mois suite au dépôt légal pour vous faire connaître du mandataire. Encore faut-il savoir que votre client est en dépôt de bilan et que cette procédure existe.
Conseil n°3 : S’informer sur la santé de ses clients et les procédures légales
Depuis cette histoire, je ne lis toujours pas le Journal Officiel mais le site societe.com est devenu un réflexe pour vérifier à intervalles réguliers la santé financière de mes clients et les éventuelles procédures en cours. Si une mésaventure devait m’arriver aujourd’hui, je rechercherais avant tout à me renseigner sur les étapes à suivre. Auprès de mon comptable mais aussi en faisant appel au plus tôt à un avocat spécialisé, ou au moins, à une association d’aide aux entreprises.
Conseil n°4 : En cas de redressement judiciaire, vérifiez la prise en compte de vos créances
Suite à l’annonce du redressement judiciaire dans le Journal Officiel, vous disposez de deux mois pour valider vos factures en cours auprès du mandataire. Normalement suite à une demande de celui-ci mais si celle-ci ne devait pas vous parvenir, c’est à vous de faire la démarche. Ne tardez donc pas.
Alors que le délai légal était dépassé et que le mandataire avait donc compris de lui-même que je n’étais pas très attaché au règlement de cette facture (puisque je n’avais pas répondu à son seul courrier simple…), mon client me fit part de sa surprise. Je n’apparaissais en effet plus dans la liste des créanciers reconnus.
Muni de cette information et enfin réveillé, j’ai immédiatement fait appel à un avocat. Celui-ci m’a rapidement dit qu’il y avait peu d’espoir de regagner cette liste des créanciers reconnus car rien ne permettait de remettre en cause le travail du mandataire. La loi estime ici que c’est au fournisseur de vérifier la bonne prise en compte de sa créance (mais lui doit le faire avec accusé de réception).
Décidé à aller au bout de l’histoire, je lui ai quand même fait faire une requête en relevé de forclusion pour tenter de plaider ma cause mais sans réels arguments. Après une courte séance chez le juge-commissaire du tribunal de commerce, la loi resta en accord avec elle-même et déclara ma requête non recevable. Quelle que serait l’issue du dépôt de bilan, ma facture était tout simplement annulée. Ironie de la loi, mon client présent lors de la séance insista bien pour dire qu’il estimait que je devais d’après lui être payé.
Depuis, l’entreprise de mon client a été rachetée par un groupe international dont le chiffre d’affaire annuel atteint les 35 milliards d’euros. Autant dire que les ennuis financiers sont passé. Mais je sais qu’au moins un des créanciers reconnus n’a pas encore été payé trois ans après les faits. La loi prévoit jusqu’à 10 ans pour le règlement de l’ensemble des dettes et, en la matière, l’URSSAF, le trésor public puis les salariés sont prioritaires.
Conseil n°5 : Ne pas trop en attendre
Heureusement, je suis seul à mon compte sans employé et heureusement en 2013 j’ai eu quelques autres bons contrats payés et à l’heure. Dans d’autres circonstances, m’asseoir sur cette facture de 10.000 € aurait pu être bien plus grave. Si ça arrive et même en suivant mes (précieux) conseils, pas grand chose d’autre à faire que de serrer les dents en attendant que l’orage passe.
Ironie du sort encore, j’ai réalisé une mission chez une société d’assurance spécialisée dans le recouvrement de factures pendant le procès. Car oui, il est également possible de contractualiser une assurance sur ce risque.
Je vous rassure, rien de tel ne m’ait arrivé depuis et je croise les doigts pour que cela reste ainsi encore longtemps. Mais si ça arrive, je serai un peu plus préparé que la dernière fois, c’est déjà ça…
Il y a déjà deux semaines se tenait la deuxième édition de la conférence parisienne AgoraCms, petite sœur de Drupagora. Une journée pour redécouvrir les solutions et les enjeux actuels de la gestion de contenu.
L’âge de la maturité ?
À l’écoute des conférenciers une première constatation s’impose : la gestion de contenus s’est professionnalisée. Les éditeurs ne se concentrent plus sur la gestion des pages, le référencement naturel ou la personnalisation du design. Tout cela est acquis et ne pose plus questions.
Assez paradoxalement, on aura donc très peu vu de contenus en action ce jour-là.
Les enjeux : industrialisation, multicanal et e-marketing
Les enjeux du moment ont évolués. Il s’agit aujourd’hui de s’équiper d’une solution robuste sur le long terme, supportant tout un ensemble de sites, adaptée aux différents supports (dont le mobile bien évidemment) et intégrée au dispositif plus vaste de web-marketing.
Plus globalement, Le CMS n’apparaît plus comme la pierre angulaire d’une présence en ligne. Il se cantonne désormais à son rôle initial : gérer les contenus. Il n’est donc qu’une des briques du vaste dispositif technique nécessaire pour exister sur Internet.
Les différentes solutions rivalisent désormais sur leur capacité à s’intégrer à des plates-formes plus vastes et à communiquer avec d’autres outils.
Des voies de progrès pour le contributeur
Hier, l’internaute était la première cible affichée des CMS. Il fallait lui proposer du contenu riche, interactif et bien présenté. Ce que n’importe quel CMS propose aujourd’hui par défaut.
La direction informatique et la direction marketing sont aujourd’hui choyées. Avec des logiques de fiabilité et de performance, de déploiement facilité, d’intégration au système d’informations. Avec la mise en œuvre de personnalisation par profil, de liaison avec des outils publicitaires et le CRM, des tests en ligne et d’analyse d’audience.
Finalement, le public délaissé semble toujours celui des contributeurs. Après les tentatives ratées du WYSIWYG et de la contribution directement sur le site visité, la saisie des contenus semble toujours condamnée à de longs formulaires indigestes. Alors qu’on serait en droit d’attendre d’un CMS moderne qu’il nous aide à :
faciliter la contribution : des aides à la saisie systématiques, des contrôles avancés sur les contenus, de la pré-saisie automatique, de la prévisualisation sur les différents supports concernés.
gérer des contenus modulaires : des formats distincts et aisément rassemblés en pages ou documents, des variantes selon les supports, des alternatives accessibles.
animer les contenus : des interfaces fluides pour gérer la couche au-dessus des contenus (les pages d’accueil, les liens et promotions transverses, les filtres d’accès).
ajouter d’autres sources de contenus : pour ajouter facilement à ses pages des cartes, des contenus multimédias, des extraits de réseaux sociaux, des widgets externes, des flux, des API et que sais-je encore.
Des alternatives
Enfin, à l’heure où les CMS ont perdu (à juste-titre) leur place centrale et prioritaire dans toute réflexion de dispositif web, leur caractère incontournable est remis en question. Même si plusieurs solutions tentent de varier les plaisirs en proposant des extensions sociales ou e-commerce, les CMS ne devraient apparaître que sur des projets qui placent les contenus au centre. Ou pour être plus précis, dans les projets qui prévoient une équipe de contributeurs non-codeurs pour des contenus fréquemment mis à jour (et je pèse chacun de ces mots).
Car même si on l’oublie trop souvent, on peut parfois facilement se passer de CMS. Si on dispose de contenus mis très peu à jour ou de contributeurs qui aiment mettre les mains dans le code, une solution de site statique peut parfaitement faire l’affaire. De nombreuses solutions viennent aujourd’hui aider à la réalisation et au déploiement de sites sans CMS.
À l’inverse si on souhaite créer un dispositif plus complexe et plus personnalisé, mieux vaut sans doute choisir un framework de développement. Mûrs eux aussi, ils apportent avec eux tout un lot de briques fonctionnelles préexistantes et une souplesse beaucoup plus grande.
Car, et ce sera ma conclusion, le CMS n’est plus indispensable. J’ai vu trop d’exemples de solution connue choisie par précaution par une DSI frileuse, de CMS reconnus mais déployés en dépit du bon sens ou encore d’outils où seule la saisie de code HTML rendait possible le résultat attendu. Alors, faites le bon choix et pensez-y à deux fois.
L’une des étapes de réalisation d’un site Internet consiste à découper le contenu et l’interactivité d’une page en éléments intelligibles par le navigateur (le fameux HTML vous savez). Cette étape est cruciale pour la qualité du site. Elle n’est pourtant ni réellement comprise ni pilotée par les entreprises clientes. Découvrons les responsabilités de « ceux qui parlent à l’oreille des navigateurs » à l’occasion de la conférence Paris Web.
En octobre 2013 se tenait la huitième édition de la conférence Paris Web dont le mot d’ordre est « Webdesign, Qualité et Accessibilité ». Les sujets présentés à cette occasion s’adressent essentiellement à un public de designers et d’intégrateurs HTML. On y croise donc ceux qui font le web avec passion et soucis de la qualité et qui peinent pourtant à être compris et reconnus.
Essayons d’y remédier.
L’intégration, étape obligée de la réalisation Web
Parmi les intervenants clés de la réalisation d’un site Internet, on imagine facilement :
Le designer qui conçoit l’aspect visuel et interactif du site, en concertation avec l’ergonomie pour assurer son utilisabilité.
Le développeur (implicitement « back-end ») qui configure les traitements du site : traitement des formulaires, interrogation de bases de données, appels à des applications tierces, etc.
Entre ces deux couches d’un site Internet se cache un autre maillon, essentiel mais négligé, de la qualité globale d’une expérience Internet : le développement front ou l’intégration. Cette étape consiste à mettre en place les éléments qui seront interprétés par le navigateur Internet. C’est véritablement là que l’on emploie le langage compris par le navigateur. Les technologies utilisées sont (l’historique mais toujours fondamental) HTML, les feuilles de styles CSS et le JavaScript.
Voyons en quoi cette étape est tout aussi importante que les autres et a largement son rôle à jouer dans la qualité globale de l’expérience Internet.
Le HTML, parent pauvre de la qualité Web
Plaçons-nous dans une démarche de réalisation ou d’achat d’un site Web. Pour assurer une qualité du résultat nous allons naturellement nous intéresser :
À la qualité de l’expérience utilisateur en soignant le contenu, le design et l’ergonomie. Éléments que l’on va pouvoir challenger par le biais d’audit, de tests A/B ou de tests utilisateurs.
À la fiabilité et à la sécurité de l’architecture technique et des développements lourds dits « back-office » (côté serveur). En faisant appel cette fois à des audits de code, des tests unitaires, une recette fonctionnelle et des tests de performance.
La phase d’intégration HTML ou de développement front-end restera donc, dans bien des cas, le parent pauvre de la démarche de qualité.
En effet, ce n’est pas facile pour une organisation d’acheter de la qualité Web dans le navigateur :
Les intervenants (agences ou indépendants) déclarent tous faire de la qualité. Le contraire serait tout de même étonnant.
Les équipes « métier » (communication, marketing) sont sensibilisées à l’expérience utilisateur mais pas à sa mise en œuvre HTML.
Les directions informatiques s’intéresseront plus volontiers à l’infrastructure et au développement back-office, plus proche de leur cœur de métier.
Les bénéfices d’une intégration de qualité
Un développement front bien réalisé cherchera à optimiser :
1. La compatibilité : un site lisible sur toutes les plateformes
Pour que le site s’affiche et s’active convenablement dans la profusion des navigateurs actuels (notamment avec la multiplication des supports du mobile, de la liseuse ou de la télévision). Mais un code correctement construit doit aussi s’adapter pour les navigateurs plus anciens qui peuvent subsister et anticiper les futurs navigateurs.
2. La performance : un temps de chargement et d’affichage maîtrisés
Pour afficher correctement une page Internet le navigateur doit charger tout un ensemble de fichiers (parfois plusieurs centaines dans les pires cas) : Html, images, feuilles de style, scripts. Le téléchargement et le traitement influent directement sur le temps d’affichage des pages et la vitesse perçue du site Internet. Et par là, sur les coûts d’hébergement.
3. L’accessibilité : un service assuré quelque soient les conditions de consultation
On oublie trop souvent que nos sites Internet ne sont pas consultés uniquement par des super-héros sur des écrans 25 pouces branchés en fibre optique. Le choix et la configuration des éléments diffusés au navigateur vont permettre au site Internet d’être consulté et utilisé dans un maximum de conditions d’utilisation. Par exemple par un lecteur d’écran vocal, sur un navigateur classique mais avec un niveau de zoom élevé, sur un mobile avec une connexion réduite qui ne permet pas de charger tous les éléments, etc.
4. Le référencement naturel : une meilleure présence dans les moteurs de recherche
Parler aux moteurs de recherche va de pair avec l’accessibilité, les robots des moteurs de recherche n’étant finalement qu’un utilisateur en conditions spécifiques. La bonne construction du code, le balisage sémantique sont les optimisations à mettre en œuvre pendant la phase de réalisation du site.
5. L’interactivité : de l’action dans le navigateur
La puissance accrue des navigateurs Internet et des technologies embarquées permet aujourd’hui de proposer de plus en plus de services et d’interactions directement dans le navigateur (sans avoir besoin de recharger une page ou de réinterroger le serveur). C’est également à la charge du développeur front-end de mener à bien et d’optimiser cette étape.
6. La maintenabilité : un code évolutif
Enfin un site Internet vit. On ne peut imaginer dès son lancement les nouveaux formats de contenu ou services qu’on finira par lui ajouter. Là aussi la conception HTML peut faire la différence sur la facilité du code à s’adapter aux nouveautés.
Autant d’éléments qui vont donc avoir un effet direct sur l’efficacité du site et sa rentabilité. Un code impossible à maintenir ou à faire évoluer à chaque évolution des navigateurs demandera des budgets supplémentaires.
Concrètement, comment acheter et vérifier la qualité de l’intégration ?
Même si tout le monde déclare faire de la qualité, quelques signes peuvent vous permettre d’engager les intervenants adaptés :
l’intervenant propose de lui-même un discours argumenté et pédagogique sur les éléments vus plus haut (compatibilité, maintenabilité, accessibilité…)
l’intervenant expose sa démarche qualité (normes respectées, référentiels utilisés) . On peut par exemple s’appuyer sur les référentiels d’accessibilité WCAG ou AccessiWeb et le référentiel de bonnes pratiques Opquast.
l’intervenant expose sa méthode de travail en la matière (framework utilisés, nomenclature de code).
La qualification de l’intervenant est vérifiée par un label ou une certification (ex : le label Accessiweb pour l’accessibilité).
L’intervenant se rend chaque année à Paris Web !
En cours de réalisation, vous pouvez également faire intervenir un tiers pour auditer et valider la bonne mise en œuvre.
Les signes qui ne trompent pas
A l’inverse quelques astuces peuvent vous alerter sur les manquements et faire corriger le tir :
Tester sur des configurations très diverses (et notamment les équipements « pauvres » tels qu’une liseuse ou un vieux modèle de téléphone qui donneront une meilleure idée du comportement profond).
Vérifier le poids de la page (le nombre d’éléments chargé et le poids total). Le nombre d’éléments ne doit pas excéder quelques dizaines et le poids se conter en quelques centaines de Ko grand maximum. Par exemple à l’aide de WebPageTest.
Désactiver les feuilles de style et vérifier la hiérarchie des éléments de contenu (la marche à suivre est différente selon les navigateurs)
Utiliser un outil automatique d’analyse de la page (valideur w3c , valideur Opquast) mais dont les retours doivent alerter sur des manquements éventuels mais ne peuvent pas conforter sans étude humaine plus poussée.
En quelques mots
Désormais, quand vous devrez faire réaliser un site Web, essayez de ne pas oublier les enjeux de cette étape de réalisation et entourez-vous de professionnels compétents et pédagogiques, le meilleur moyen de faire du web qui dure.
Un affichage parfait sur votre dernier iPhone à son lancement ne suffit pas, il est toujours nécessaire de vérifier sous le capot !
Votre site web a besoin d’une très légère correction ou évolution. Vous appelez votre agence en titre et explicitez votre demande. Vous pensiez simplicité, sobriété, réactivité, agilité. On vous répond procédure, chiffrage, recette et une évolution visible en ligne sous quelques semaines… et la bonne volonté alors ?
Cette difficulté de communication entre le client et son agence est très fréquente dans un projet. Elle hérite, comme beaucoup des incompréhensions, d’une différence de perspective.
En tant que client, responsable de site web, vous mesurez la complexité de la tâche en fonction de ce qui sera visible en ligne demain. Et effectivement, la modification apportée peut être minime.
Mais en faisant appel à une agence externe, vous avez décidé et payé une délégation de responsabilité. C’est maintenant votre prestataire qui est en charge de la cohérence et de la fiabilité de l’intégralité de votre dispositif en ligne. Votre interlocuteur mesure donc la complexité de la tâche en fonction de ses impacts potentiels sur l’ensemble de l’architecture.
Pour une évolution aussi minime soit-elle, il souhaite garantir qu’elle n’entraînera pas d’effet de bord et cela lui impose :
de concevoir cette évolution en cohérence avec l’ensemble de l’existant
de développer cette évolution (la partie visible de la tâche)
de la tester sur l’ensemble des environnements prévus (navigateurs, mobiles, accès, etc.)
de vérifier qu’elle n’entraîne pas de régressions sur d’autres éléments
de livrer cette évolution
de stocker et documenter toute cette action.
Du coup, on comprend mieux (j’espère !) pourquoi une demande simpliste exige une procédure sérieuse. Une seule entorse à la méthodologie met en péril les prochaines actions. Et si l’action simple d’aujourd’hui entraînait des problèmes demain, vous serez donc en droit de demander des comptes à votre agence.
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