Vendredi dernier, j’ai assisté avec intérêt à la rencontre proposée par le bureau d’enregistrement MailClub organisée autour de l’extension .asia. Les intervenants étaient « à la source » du sujet puisqu’il s’agissait de Edmon Chong, responsable du DotAsia (organisme en charge du .asia) et Bart Lieben, agent de validation des demandes d’enregistrement en .asia.
Le .asia, une extension volontairement moderne…
Concrètement, les deux intervenants ont présenté un projet d’extension volontairement moderne, qui veut éviter les erreurs des extensions sœurs (et notamment du .eu). Parmi les engagements : la volonté de protéger les ayant-droits et de décourager les spéculateurs en noms de domaine, la volonté aussi de faire du .asia une extension réellement utilisée.
…qui est déjà incontournable…
Pourtant dans la salle, les entreprises présentes avaient surtout à cœur de protéger leur présence sur ce nouvel espace de noms que constitue l’extension .asia. Sans savoir encore quel usage ces noms de domaine se verraient attribuer. Comme cela avait déjà été le cas pour le .eu ou le .mobi l’an dernier, comme ça sera sans doute le cas pour d’autres l’année prochaine (.tel ? .berlin ? etc.). Car, pendant ce temps, la liste des extensions continue de croître et les portefeuilles des noms de domaine des détenteurs de marque d’enfler parallèlement.
L’ouverture d’une nouvelle extension est rarement portée par les consommateurs finaux qu’ils soient internautes ou entreprises. Les projets de nouvelles extensions sont bien plus souvent portés par des associations d’intérêts qui mélange organismes gouvernementaux, associations de particuliers désireux de faire entendre leur voix et bureaux d’enregistrement. Là est le paradoxe des nouvelles extensions : là où aucune entreprise présente n’avait réclamé ou même envisagé un .asia, aucune non plus ne pouvait se permettre de ne pas entreprendre les enregistrements de ses marques sous cette extension !
…mais cherche encore son utilité…
Le caractère incontournable du .asia ne semble donc pas résider dans son utilité directe. En effet, pour être utile (et pour simplifier) un nom de domaine doit :
soit être intuitif et générer naturellement du trafic (exemples : mp3.com, paris.fr, cocacola.co.uk, etc.) ;
soit avoir gagné une notoriété suffisamment forte pour encore une fois être synonyme de trafic (exemples : google.com, jeuxvideo.com, etc.) ;
Pour répondre au second point, quelle entreprise pourrait réellement utiliser son .asia en matière de communication ? Peut-être essentiellement celles qui ont une activité et/ou une communication comportant une très forte thématique autour de l’Asie (par exemple une agence de voyage spécialisée dans les pays d’Asie). Pour tout autre entreprise, il sera plus logique soit d’utiliser son .com soit d’utiliser les .pays adaptés.
En effet, et c’est là ou un .asia ou un .eu se révèlent peu intéressants à mon avis, une entreprise qui se décide de toucher le marché asiatique peut-elle décider de le faire d’un seul bloc ? Peut-elle se passer de développer un site dans la langue du marché qu’elle vise ? Peut-on imaginer s’adresser au marché chinois et à son milliard ou plus de consommateurs potentiels en utilisant son seul .asia qui s’adresse dans le même temps à d’autres marchés, d’autres coutumes, d’autres langues ?
Au mieux donc, le .asia se révélera souvent être une page portail d’accès vers les sites pays de la zone concernée comme cela a pu être fait pour le .eu (page portail du nissan.eu par exemple).
L’intérêt du .asia révèle alors de ce constat (vicieux) : si il n’est pas ou peu utilisé, le .asia ne deviendra pas un réflexe pour l’internaute et ne sera donc pas spontanément tapé dans la barre d’adresse. Les entreprises n’auront donc pas intérêt à baser leur site officiel à cette adresse, etc. (A l’inverse, on peut donc remarquer que l’utilité d’une extension est proportionnelle à sa notoriété et donc, pour les nouvelles extensions, aux actions de promotion menées par ses acteurs).
Plus généralement, on peut déjà douter du caractère intuitif de ces nouvelles zones géographiques étendues que sont le .eu ou le .asia. Et d’avantage encore pour le .asia qui n’est pas associé à une notion d’appartenance à un espace communautaire.
…mais c’est secondaire…
Est-ce à dire que les entreprises présentes faisaient fausse route en cherchant à protéger leurs futurs .asia ? En réalité non, puisque là encore, même si le .asia ne deviendra pas incontournable, il est dangereux de laisser libre à l’enregistrement et dommage de se priver de la part de trafic qu’il peut engendrer.
Pour conclure, il est donc important pour les entreprises de se pencher sur le cas du .asia, vraisemblablement de faire enregistrer ses marques fortes ou dénominations notoires sous cette extension mais sans chercher à multiplier les enregistrements.
Une démarche essentiellement préventive malheureusement et qui n’améliore pas la vision suspicieuse des entreprise envers les nouvelles extensions. Mais on peut continuer à espérer (qui sait ?) qu’un jour les nouvelles extensions modernes soient construites en associant véritablement les consommateurs finaux, les organismes et les revendeurs. En attendant, nous continuerons à voir éclore des .berlin, .london ou autres .cat et .bzh, j’y reviens tout de suite !
Sur ce blog, j’évoque avant tout les questions relatives à la gestion des noms de domaine en entreprise. Les compagnies ont, en effet, bien saisi l’importance des noms de domaine pour consolider leur identité numérique et assurer leur visibilité. Mais, en réalité, pourquoi en irait-il différemment pour les particuliers ?
L’identité numérique pour les particuliers, Kesako ?
Peut-être, allez vous me dire « L’identité numérique pour les particuliers, encore un concept fumeux pour bloggueurs en mal de sujet. » ?
Et pourtant ! Vous est-il déjà arrivé de chercher le nom de quelqu’un que vous connaissiez dans Google ? Pensez-vous qu’un recruteur ou un futur client pourrait procéder de la sorte ? Avez-vous parfois cherché votre propre nom et constaté avec dépit les premiers résultats qui s’y affichaient ? Avez-vous déjà changé d’adresse mail ? Avez-vous plusieurs adresses mail à gérer simultanément ? Laissez-vous vos correspondants personnels utiliser votre adresse mail professionnelle ? Avez-vous déjà rechigné à laisser votre adresse mail à un site ou service Internet ? Avez-vous déjà indiqué votre adresse mail sur un CV ? Avez-vous communiqué votre adresse mail à des services administratifs ? Etes-vous certains de conserver l’adresse mail communiquée encore longtemps ?
Autant de questions qui sont devenues quotidiennes pour les internautes et dont les dangers sont encore trop sous-estimés.
Le premier exemple des adresses mails personnelles
L’exemple le plus flagrant (et celui par lequel j’ai choisi de commencer cette série de billets) concerne les adresse mails. En effet, autant la part d’internautes possédant et gérant leur propre site Internet est relativement faible, autant celle d’internautes ne possédant pas d’adresse mail propre doit avoisiner le zéro. Or la plupart du temps, on délègue la gestion de sa ou ses adresses mails à son fournisseur d’accès ou à des sociétés spécialisées sans évaluer ce que cet arrangement sous-entend.
La création d’une adresse mail sur ce genre de service prend quelques minutes au plus. Par défaut, notre fournisseur d’accès nous propose une adresse mail à notre nom. Mais quelques années plus tard, lorsque l’adresse mail aura été communiquée à ses proches, ses connaissances, ses services privés (sites d’achats en ligne, opérateurs , etc.) ou publics (impôts, services administratifs, etc.), quelle solution de rechange ?
Pour illustrer cet exemple, je citerai nombre d’internautes (j’en fais partie) dont la première adresse mail fut naturellement créée chez Hotmail (alors le service mail le plus visible), utilisée quelques années puis abandonnée parce que victime de spam et dépassées par d’autres fournisseurs d’adresses Internet. Au passage bien sur : perte de contact avec d’anciens correspondants, jonglage entre plusieurs boîtes mails, changements de coordonnées à communiquer, etc.
Comment plier rapidement une feuille A4 en enveloppe – par Paula Versnick
Un nom de domaine propre pour conserver la gestion de ses adresses mails
Une solution à ce problème est l’utilisation d’un nom de domaine propre. Le particulier enregistre un nom de domaine à son nom (le plus proche possible de son nom selon les disponibilités). Il peut ainsi déployer des adresses mails sous ce nom de domaine et peut même continuer à utiliser les plate-formes des géants de l’Internet pour peu qu’ils proposent ce service (il suffit alors de rediriger le mail ainsi créé vers une adresse mail abritée par ce service).
Pour prendre mon cas personnel comme exemple :
j’ai enregistré en tant que particulier le nom de domaine fourdin.net ;
j’ai demandé à mon bureau d’enregistrement de créer l’adresse mail thomas@fourdin.net (en tant qu’alias ou redirection) vers mon adresse personnelle gmail ;
j’utilise ensuite la possibilité offerte par Gmail pour envoyer des mails depuis une autre adresse mail que celle du compte ;
je peux donc communiquer mon adresse mail thomas@fourdin.net à mes correspondants qu’ils soient personnels ou professionnels ;
je peux à tout moment reprendre la main sur mon nom de domaine et mes mails associés, choisir de les rediriger vers un autre service mail, d’utiliser plutôt le service mail proposé par mon bureau d’enregistrement ou même décider de mettre en place mon propre service mail ;
Avec son propre nom de domaine, on garantit ainsi une pérennité et une liberté de gestion de ses adresses mails personnelles.
(Cette semaine, je reviendrai sur les autres usages des noms de domaine pour la gestion des identités numériques pour les particuliers. Prochain billet : partie 2 – le référencement.)
Pas encore de commentaire pour Les noms de domaine pour les particuliers, supports de l’identité numérique (partie 1 : les mails) : faut s'y mettre !
Edit : Loïc vient à la fois de mettre en ligne le site du Club des responsables de Noms de Domaines (www.club-nd.fr) et d’y placer une version mise à jour de son livre blanc sur la gestion des noms de domaine, à lire d’urgence.
Un moment déjà que je voulais citer sur ce blog Loïc Damilaville et ses très intéressantes initiatives autours des noms de domaine. La nouvelle version de son site DNS News (www.dns-news.fr) en fournira l’occasion.
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Loïc est une figure importante du nom de domaine :
il est, à ma connaissance, le premier consultant spécialisé à proposer des missions de conseil et d’accompagnement des grandes entreprises autour des problèmatiques « noms de domaine » ;
il intervient au sein de l’AFNIC (le registre français en charge du .fr et du .re) en tant qu’adjoint au directeur général ;
il édite depuis maintenant 1998 une lettre mensuelle sur le sujet des noms de domaine appelée « DNS News », une lecture incontournable dans le secteur. Consultez celle de l’été et les anciens numéros sur le nouveau site Internet dédié www.dns-news.fr et abonnez vous gratuitement !
il publie régulièrement des articles et des interviews dans les magazines Internet en ligne (Journal Du Net, ZD Net, …) ;
Enfin depuis 2005, il est à l’origine de la création du Club des Noms de Domaine, destiné à réunir les personnes en charge des noms de domaine au sein des grandes enteprises. Initiative pertinente à laquelle il m’a été donné de participer avec plaisir. Je vous invite d’ailleurs grandement à le contacter si vous souahitez rejoindre ce projet ;
Pour finir, je vous conseille également son livre blanc sur la gestion des noms de domaine et le livre écrit en collaboration avec le bureau d’enregistrement Indom : Stratégies de nommage. Dans ce dernier, il formalise les analyses à conduire au sein d’une grande entreprise pour identifier les différents périmètres de noms de domaine et les actions à mener en conséquence (écrivez lui à l’adresse « ldamilav AT club-internet.fr » pour le commander).
J’ai eu l’occasion de connaître Loïc depuis que je « fréquente » les noms de domaine et au passage, merci à lui pour m’avoir quelque part donné le virus et appris l’essentiel de ce que je sais sur la gestion des noms de domaine en entreprise !
A lire ailleurs :
le site dédié à sa lettre mensuelle d’informations sur les noms de domaine : Dns-News.fr ;
Pas encore de commentaire pour A lire : Loïc Damilaville et ses DNS News : faut s'y mettre !
Dans un précédent billet, j’expliquais comment il peut être complexe d’assurer le passage d’un support off-line à son pendant on-line. Je mettais en avant l’exemple particulier de la campagne publicitaire (télé, radio ou affiches) qui doit indiquer l’adresse du site Web associé. Pour moi il s’agit vraiment là d’une des principales difficultés en matière de noms de domaine aujourd’hui, et ceci d’autant plus qu’on trouve très peu de documentation sur ce qui fonctionne réellement.
Or il se trouve que nos amis nippons ont depuis un moment déjà trouvé une solution originale à ce problème : le code 2d (ou QR Code pour sa version la plus connue) !
Pour résumer, il s’agit donc d’un diagramme très simple qu’on peut photographier et décoder avec un logiciel adapté. C’est l’équivalent matriciel (en tableau) du bien connu code-barre. On peut y stocker quelques informations (jusqu’à 4300 caractères) et donc par exemple, un adresse Internet !
scannez ce code avec votre appareil photo et accédez directement à ce site !
C’est pourquoi depuis quelques années, de plus en plus de publicités chinoises affichent l’un de ces petits codes. Pour l’individu attiré par la publicité qui désire en savoir plus ou télécharger du contenu associé, il suffit donc de prendre en photo le pictogramme et le téléphone s’occupe du reste !
Personnellement, je trouve qu’il s’agit là d’un moyen très pratique pour assurer facilement le passage off-line / on-line. Le développement de cet usage au Japon et les premières apparitions en France me font dire que les usagers pourront peut-être bientôt s’y mettre… On parie ?
Ce fameux triplet de lettre, « www », on le tape tous les jours mais se pose-t’on jamais la question de sa présence et de son utilité ?
Une valeur essentiellement historique
Tout d’abord, il faut corriger l’amalgame trop souvent fait entre Internet (le réseau des machines) et le Web ou World Wide Web qui n’est qu’une application de ce réseaux. En effet le World Wide Web est l’ensemble des pages et documents publics et accessibles par les liens hypertextes via un navigateur. Par comparaison, la messagerie est une autre application qui s’appuie aussi sur Internet.
A l’origine du Web, ces trois « www » étaient donc placés au début d’une adresse url pour signifier l’appartenance à cet espace particulier de l’Internet qu’est le Web. Mais en réalité, il n’existe aucune raison technique à cet usage. Il ne tient qu’à l’administrateur d’un site Web de donner accès avec les « www » ou non.
Une utilisation qui ne permet pas de trancher
Mais, même si ce « www » s’avère inutile, il s’est aujourd’hui installé comme standard. Il est bien souvent utilisée spontanément par les internautes pour taper une adresse Web. Ne pas donner accès à son site sur son nom de domaine en « www », c’est donc se priver d’une partie des visiteurs potentiels.
A l’inverse, le « www » allonge encore un peu plus l’adresse à taper et peut aussi être spontanément enlevé par un internaute pressé. Dans ce cas, ne pas donner accès à son site sur son nom de domaine sans « www », c’est aussi perdre une partie de ses visiteurs potentiels.
exemple : l’adresse http://gdf.fr utilisée sans « www » renvoie sur une page par défaut du serveur Web, mal construite de surcroît :
Dans l’idéal, l’accès à un site Internet doit donc pouvoir se faire en utilisant une adresse avec ou sans le « www », tout simplement. Même si ceux qui suivent scrupuleusement les spécifications
rétorqueront que ceci entre alors en contradiction avec la règle « une
ressource (une page) = une url et une seule ».
En pratique, il faut donc activer sur le serveur DNS, l’accès avec et sans « www » (d’ailleurs, au niveau DNS, il faut noter que ce « www » n’est en réalité qu’un sous-domaine supplémentaire).
En terme de communication, tout dépend de la cible
Si les deux adresses coexistent, quel choix faire en communication (lorsque l’adresse doit être reprise sur un support off-line par exemple) ? Pour ma part, je pense que cela dépend avant tout de la cible visée :
si la cible navigue sur le Web de manière occasionnelle, il vaut mieux mentionner les « www », qui ont l’avantage d’être immédiatement perçus comme une adresse Web et qui, quelque part, rassure l’internaute ;
si la cible navigue de manière poussée, elle aura plus tendance à aller au plus vite et à ne pas s’embarrasser des « www ». Autant donc communiquer dans ce sens en utilisant uniquement le nom de domaine sans « www », cela donne également un côté plus « dynamique », moins « vieux jeu » ;
enfin il est à noter que la mention du « http:// » qui bien souvent est laissé de côté pour ne pas alourdir la mention des adresses semble, à l’inverse, être parfois plébiscité lorsqu’il s’agit d’une cible plutôt « technique ». A rapprocher de l’usage des adresses avec des répertoires faits par les marques high-tech (Apple en tête mais aussi Microsoft, Accenture, HP, etc.). En tout cas, pour ces marques aussi, le « www » semble à bannir.
Enfin, attention tout de même au référencement
Le fait de rendre une même page accessible à deux adresses peut être mal perçue des moteurs de recherche. En effet, cela a pour effet de diluer votre popularité entre les deux adresses et peut, dans le pire des cas, être assimilée à du Duplicate Content (tentative de spamdexing, c’est à dire de spam des moteurs).
Pour éviter cela, le mieux est donc de mettre en place une règle globale d’url rewriting (réécriture d’url) redirigeant les adresses sans « www » vers leur équivalente en « www » (ou l’inverse au choix). Il est à noter que les moteurs proposent maintenant dans leurs outils pour les webmasters, la possibilité de définir celle des deux versions à prendre en compte si les deux coexistent.
Pas encore de commentaire pour Que penser des nouvelles extensions géographiques ? l’exemple du .asia : faut s'y mettre !
Étrennez les commentaires