Le nombre de site géré par une entreprise est-il un enjeu réel d’une stratégie Web ?
La présence en ligne des entreprises s’est étoffée avec les années. Jusqu’à provoquer aujourd’hui la multiplication des sites Internet à gérer. Une grande entreprise internationale peut ainsi se retrouver détentrice de plusieurs centaines de sites distincts. Or cette variété de sites apporte son lot de problèmes : les coûts et les ressources nécessaires à leur exploitation enflent ; la cohérence de communication en pâtit également.
Pour simplifier cette présence en ligne, on peut être tenté de réduire fortement le nombre de sites en activités. Cette idée est séduisante sur le papier. Mais elle passe à côté de certaines réalités du média Web :
- La visibilité sur le web se gagne par une présence riche et diversifiée. Pour étoffer sa présence en ligne, il faut oser multiplier le nombre de contenus, dynamiter les formats existants, proposer de nouveaux services. Il serait dommage de vouloir limiter le nombre d’expériences possibles pour les internautes sous prétexte que l’offre est trop vaste à gérer.
- Le portail unique est un mythe. Même si il est encore plus vivace sur les sujets Intranet, on rencontre aussi le mythe d’un portail unique Internet. Globalement, on imagine une unique page répondant à toutes les motivations de visites de tous les publics de l’entreprise. C’est méconnaître le nombre de requêtes auxquelles devrait prétendre répondre un tel portail et les problèmes d’ergonomie insolubles qui en résulteraient. Cela ne signifie pas qu’une page ou qu’un site global ne doive pas assurer au mieux cette fonction d’orientation des internautes. Mais il est vain (et inutile) de vouloir y faire passer l’ensemble des internautes et illusoire de croire qu’on pourra tout y référencer simplement.
- On ne contrôle pas l’arrivée et la navigation des internautes Le mythe de la page d’accueil a vécu. Aujourd’hui moins de la moitié ou du tiers des visiteurs d’un site mets les pieds sur un site via la page d’accueil. La majorité des internautes arrive directement sur un contenu profond depuis un email, un flux RSS, un média social ou un moteur de recherche. L’enjeu est alors de positionner au mieux les pages les plus pertinentes sur ces sources de trafic et d’optimiser la redirection au sein des contenus (la transversalité).
- Un faible nombre de sites ne résout pas la question de la transversalité (hypertextualité) des contenus. Le véritable enjeu pour une entreprise qui possède de nombreux sites et de savoir orienter les internautes au sein de ceux-ci. C’est la richesse des contenus et des services proposée qui impose un travail pour aider l’internaute à y naviguer . Le fait de regrouper l’ensemble des contenus et services sur un seul site ne résoudra en rien cette problématique.
- Surtout, un site dédié permet un contexte de visite défini et cohérent pour une ciblé et un usage donnés. Si une cible spécifique se voit offrir un ensemble de contenus et services spécifiques, il est légitime de lui proposer un site dédié qui les regroupe. Il serait contre-productif d’obliger ce public à repasser systématiquement par un site plus vaste, plus global mais donc moins adapté. Les habitudes de navigation de ce public seront facilités et valorisés par l’usage d’un site spécifique.
- Il est plus facile de communiquer sur un site dont le périmètre est réduit. De même, il est plus facile de communiquer auprès d’une cible dédiée si un site lui est consacrée. L’url même du site est un enjeu de communication important.
- Le référencement bénéficie de plusieurs sites biens liés entre eux. Pour obtenir un référencement optimal sur un sujet donné, mieux vaut un site consacré pleinement à cette thématique et riche de contenus qu’une partie d’un site plus générique. Par ailleurs, plus une entreprise possède de sites, plus elle occupera de place dans les résultats des moteurs de recherche. Enfin, un maillage bien pensé entre les différents sites épaulera la popularité de chacun des sites dans les moteurs de recherche.
- Un seul outil ne peut prétendre servir tous les services et types de contenus en ligne possibles. Il n’existe pas (et il n’existera jamais) d’outil de gestion de site qui prétend couvrir tous les types de contenus ou de services possibles. Il est plus judicieux de choisir son outil en fonction d’un usage précis et ainsi de définir un outil adapté à chaque site.
La liste est longue et, comme on le voit, l’enjeu ne porte donc pas, bien évidement, sur le nombre de sites (qui en soit n’indique rien) mais bien :
- pour l’internaute, sur l’existence d’un site qui réponde à son besoin et auquel il parvienne à accéder facilement ;
- pour l’entreprise, sur la mutualisation possible des ressources et la cohésion globale de sa présence en ligne ;